Je propose à toutes les patientes une reconstruction mammaire immédiate sauf si le contexte oncologique n’est pas favorable et que je ne souhaite pas risquer de retarder la mise en place des traitements adjuvants. La seule contre-indication absolue à une reconstruction effectuée dans le même temps que la mastectomie est la mastite carcinomateuse.
Comme expliqué précédemment, des facteurs de risques généraux tels que le tabac, le diabète, le surpoids ou un volume mammaire important exposent à un haut risque de nécrose des lambeaux cutanés de mastectomies. Dans ces cas-là, et ce d’autant plus si le contexte oncologique expose certainement à de la radiothérapie, nous optons vers le placement d’un expanseur.
Nous parlerons dans ce cas de mastectomie immédiate différée. Cet implant sera mis en place lors de la mastectomie, il ne sera gonflé que partiellement afin de minimiser les risques de souffrance en appliquant le moins de pression possible sur les lambeaux cutanés. Lorsque la cicatrisation sera acquise, il sera rempli de liquide physiologique de manière itérative lors du suivi postopératoire avant la mise en place de la radiothérapie si celle-ci doit avoir lieu.
En effet, le volume de l’implant doit rester constant afin de ne pas perturber les séances de radiothérapie. Le système cutané étant altéré par cette agression, l’expansion est plus difficile à obtenir après une exposition aux rayons. Lorsqu’une chimiothérapie est indiquée, l’implant est gonflé durant le traitement systémique. Dans tous les cas, l’expanseur est retiré à long terme.
Il existe lors de cette étape deux solutions :
- Soit il n’y a pas eu de radiothérapie et alors tous les types de reconstructions peuvent être envisagés,
- Soit la patiente a eu de la radiothérapie et dès lors l’option autologue est hautement privilégiée de manière à diminuer les risques de complications liés à une reconstruction prothétique sur terrain irradié.
Je préfère éviter d’exposer les reconstructions autologues à la radiothérapie et propose donc cette technique si les risques de traitement adjuvants de ce type sont faibles et que la patiente est une bonne candidate.
Lorsque le contexte oncologique n’est pas favorable et contre-indique une reconstruction mammaire immédiate même par expanseur, je réalise une mastectomie simple et propose la reconstruction définitive à distance des traitements adjuvants si la patiente le souhaite. On parle alors de reconstruction mammaire secondaire ou différée.
Il arrive dans certaines situations malheureuses que la reconstruction mammaire immédiate se complique également. Cela peut aller de la nécrose du lambeau lors d’une reconstruction autologue à l’infection de la prothèse pour les techniques hétérologues. Dans tous les cas, je privilégie le bon déroulement de la suite des traitements adjuvants car le but premier est de soigner la maladie.
C’est la raison pour laquelle, certaines complications qui nuiraient à la prise en charge notamment systémique ou à la radiothérapie, me contraignent par moment à réaliser soit une dépose prothétique soit à retirer le lambeau. Dans ces situations, la patiente se voit proposer dans un second temps une reconstruction mammaire.